Avec 3 semaines de retard, retour sur notre trek dans le fameux Torres del Paine, dont nous entendions tant parler depuis notre arrivée au Chili. On a pas mal hésité quant a la durée du trek, faire le classique W en 3-4 jours ou partir sur la grande boucle de 8 jours. Mais bon, on s'est dit que quitte à être là, autant en profiter à fond et partir pour le grand tour, communément appelé le O. Les conditions météo étant assez difficiles dans le parc, nous décidons d'emmener pour 10 jours de nourriture au cas où nous devrions nous attarder un peu plus. Et 10 jours de nourriture, et bien ça fait son poids ! Environ 11kg ! Si on ajoute à ça la tente, les matelas, les duvets, le réchaud et les vêtements de rechange, nous partons avec chacun une bonne douzaine de kilos sur le dos...
Nous restons une journée à Puerto Natales histoire de faire les courses, préparer les sacs, et surtout faire (encore) réparer mes chaussures, dont les toutes nouvelles aérations latérales me laissaient sceptique pour faire un trek de 8 jours. Et bien cette fois-ci, on a eu affaire à une vraie pro, qui a doublé les 3/4 des chaussures... de cuir ! Me faisant perdre au passage une pointure... (ce qui me causera quelques ampoules à la fin du trek). On en profite également pour s'acheter des pantalons de pluie, on a cru comprendre que c'était indispensable au Torres. Nous rencontrons au passage nos homonymes, Pauline et Alex, qui voyagent également pour quelques mois en Amérique du Sud. Sympa ! L'occasion d'aller boire ensemble quelques bières artisanales pour fêter ca !
Et le lendemain, direction le parc ! On arrive sur place sous un grand ciel bleu, ce qui est déjà assez réjouissant. Mais on constate vite qu'il y a un vent à écorner les boeufs et que la marche ne va pas être de tout repos. Pas de difficultés particulières durant les deux premières journées, durant lesquelles le soleil et le vent ne nous quittent pas. On commence à sympathiser avec nos compagnons de route: un groupe de 4 américains accompagnés par guides et cuistot, ainsi qu'une poignée de chiliens et d'allemands. L'avantage de faire le O, c'est que nous ne sommes vraiment pas nombreux, une trentaine tout au plus.
La pluie fait son apparition à la fin du troisième jour... Et oui, on ne pouvait pas y échapper ! Ça tombe plutôt mal car le passage d'un col est prévu pour le jour suivant... Le lendemain matin, on se lève tranquillement, comme d'hab vers 8h, mais quand je rentre dans la cuisine, tout le monde est quasiment sur le départ, et on sent une petite tension chez certains. Avec Alex, on ne s'est pas vraiment renseigné sur l’étape mais on nous dit que le col à passer n'est vraiment pas évident et qu'il vaut mieux l'avoir passé avant midi. En plus, il a plu toute la nuit et ça ne semble pas prêt de s’arrêter, ce qui a rendu les chemins très très boueux. Bon et bien branle-bas de combat ! On zappe le ptit dej et on remballe la tente et nos affaires en vitesse.
Premier constat: les chemins sont effectivement très boueux et il est parfois difficile de ne pas s'immerger les pieds pour progresser. On essaye tout de même de marcher le plus vite possible pour atteindre rapidement le sommet. Mais c’était sans compter sur la pluie, la neige et le vent, qui ne nous quittent pas ! N'ayant pas de chaussures très adaptées, la pente enneigée se transforme vite en patinoire pour nous, ce qui m'aura valu quelques frayeurs côté chutes ! Nous nous faisons doubler par le cuisto des américains, qui marche d'un pas de géant, et qui nous encourage en nous disant de "juste" suivre les pas dans la neige... La traversée à pieds de rivières gelées nous achève. Mains et pieds sont glacés ! Comme le disait Alex, on était en plein dans Crocs-Blancs ! Nous finissons tout de même par arriver au sommet, ou nous sommes littéralement couchés par le vent qui nous fouette le visage. Je me cramponne au sol pour ne pas redevaler la montagne dans l'autre sens. On ne peut pas s’empêcher de penser: "Mais qu'est ce qu'on fait la ???". On se dépêche de redescendre histoire d'avoir un peu moins de vent. Bon c'est pas vraiment mieux de l'autre côté de la montagne, mais on a moins de neige et surtout la vue sur le glacier Grey et saisissante et réconfortante ! Ce qui nous rebooste un peu. La descente est un vrai casse-gueule mais on a quand même le sentiment d'avoir passé le plus dur. On arrive 1h plus tard au campement, mais décidons de pousser 3h de plus pour atteindre le campement suivant où nous attendent des douches chaudes.
On a tenté une ou deux sorties d'appareil photo mais les résultats ne sont pas brillants...
Première vue sur le glacier Grey, le long duquel nous marcherons tout le reste de la journée:
Après une soirée fort sympathique à discuter avec Herbert et Lisa, un couple d'allemands rencontré au campement, nous nous couchons dans des duvets mouillés avec nos vêtements humides... On a connu meilleure nuit...
Le lendemain, la pluie s'est un peu calmée et l’étape qui nous attend et plutôt courte. Nous décidons donc de remonter sur nos pas pour admirer une dernière fois le majestueux glacier Grey et tenter de prendre quelques photos, ce que nous n'avions pas pu faire la veille, les appareils ayant rapidement été rangés dans les sacs. Bon, c'est toujours pas le top pour les photos mais au moins on peut l'admirer tranquillement !
Arrivés au camping suivant, nous constatons qu'il y a beaucoup de monde sur le fameux W et regrettons un peu la tranquillité du nord du parc. Nous montons la tente sous un vent violent qui plie un de nos arceaux... On commence a en avoir marre de ce vent ! Nous passons ensuite la soirée en compagnie de nos amis allemands dans le minuscule refuge ou s'entassent tous les campeurs. On essaye naïvement d'y faire sécher chaussettes et chaussures...
Au matin du 6ème jour de marche, nous interchangeons les binômes: je marcherai avec Lisa pendant qu'Alex partira devant avec Herbert. Je retrouve Alex quelques heures plus tard pour monter a un point de vue ou nous trouvons enfin quelques rayons de soleil ! Pas le temps de trop s'attarder pour autant, le prochain campement est encore a 2h de marche.
Le soleil repointe enfin son nez le 7eme jour ! Victoire !! On n'est pas mécontents de pouvoir terminer ces 130 kms de rando sous le soleil ! Bon, les dernières heures de marches sont un peu dures pour Alex, dont le genou a décidé de faire des siennes, mais on est tout de même ravis de cette rando ! D'autant plus que nous avons rencontrés des personnes adorables tout au long du chemin.
Les fameuses "torres", que l'on a eu la chance de voir dégagées, petite récompense de fin de rando !
Redescente difficile pour Alex, qui se fera même doubler par des "personnes d'âge mûr" (son orgueil en a pris un coup...)
Dernière vue sur le parc, qui affiche, comme pour nous narguer, un beau ciel bleu ! Allez, sans rancune, on n'est pas prêt de revenir te voir mais on a bien aimé ces quelques jours passés en ta compagnie !
Un resto entre compagnons de galère s'impose le soir venu histoire de nous récompenser des efforts fournis ! C'est donc en compagnie d'Herbert et de Lisa ainsi que de Thomas et Céline que nous irons fêter la fin de ces quelques jours de marche.
Nous sommes ensuite allés passer quelques jours à Punta Arenas, ville située dans le détroit de Magellan, histoire de se reposer un peu. On a beaucoup hésité à aller à Ushuaia, qui n'était qu'à quelques heures de bus de là, mais en se rememorant les récits mitigés des voyageurs croisés en route, on s'est dit qu'on allait plutôt économiser un peu de temps et d'argent et remonter directement en Bolivie.
Après 1 mois passé en Patagonie, il est temps d'aller chercher un peu de chaleur un peu plus haut ! Car vous l'aurez compris, la Patagonie, c'est génial, mais tout est question de météo !
C'est donc après 48h de bus (longue traversée de la Patagonie argentine) que nous arrivons à Santiago, où nous retrouvons Sandrine et Vincent, rencontrés en Equateur et avec qui nous avions fait un bout de route au Pérou. Nous passons la journée et la soirée à se raconter nos aventures respectives. Ce fut bien sympa de vous retrouver les amis !
Départ le lendemain pour la Bolivie ! Nous repassons encore une fois la frontiere argentine pour remonter vers le nord (les récentes inondations dans le nord du Chili nous empêchant de passer par là, ce que nous avions initialement prévu de faire). Nous aurons finalement traversé quasiment toute l'Argentine en bus en s'y étant arrêté seulement une dizaine de jours dans le sud !
48h de bus plus tard, nous arrivons à la frontière bolivienne. Une nouvelle aventure commence !